COULEURS DE L’INCENDIE de Clovis Cornillac [Critique Ciné]
COULEURS DE L'INCENDIE de Clovis Cornillac [Critique Ciné]
Suite d’Au Revoir Là-Haut, le roman Couleurs De l’Incendie de Pierre Lemaitre est à son tour adapté au cinéma par Clovis Cornillac
Ceux qui ne fréquentent pas assidument les librairies ne savent pas forcément que le film Au Revoir Là-Haut était l’adaptation du premier tome d’une saga littéraire de Pierre Lemaitre. Fort du succes de ce premier film, c’est tout naturellement que Gaumont s’est lancé dans la production du deuxième livre Couleurs De L’Incendie en vue de la prochaine cérémonie des César. Mais n’ayant que très peu de rapport avec le précèdent long métrage, c’est sans Albert Dupontel et ses acteurs que cette suite arrive sur nos écrans avec un résultat loin d’être aussi réussi.
Les spectateurs qui ne se seraient pas renseignés sur le film au préalable pourraient très bien ne voir aucun rapport avec le film d’Albert Dupontel car cette suite n’a plus du tous les mêmes personnages principaux et peut même très bien être vue sans connaître Au Revoir Là-Haut. Nous retrouvons seulement Madeleine Péricourt, la sœur d’Édouard, qui à la mort de leur père va hériter de la prestigieuse banque familiale, sujet de bien des convoitises de la part de son oncle Charles et le directeur Gustave Joubert. Mais plus préoccupée par l’état de son fils Paul qui s’est retrouvé à l’état végétatif après s’est jeté depuis sa fenêtre sur le cercueil de son grand père, elle ne verra pas venir le complot manigancé par les deux hommes pour s’emparer de la banque. Des années plus tard, Madeleine se prépare à prendre sa revanche sur les hommes qui ont causé sa faillite.
C’est à Clovis Cornillac qu’à été cette fois ci confié la réalisation de Couleurs De L’incendie dont le scénario a directement été écrit par Pierre Lemaitre, l’auteur du livre en personne. Pour son quatrième film en tant que réalisateur, Clovis Cornillac s’est visiblement appliqué pour que cette suite reste esthétiquement dans la lignée d‘Au Revoir Là-Haut, le saut de l’ange du jeune Paul ressemblant fortement à celui de son oncle Edouard à la fin du précèdent film. Mais à ce jour, l’apprenti cinéaste n’a pas encore su vraiment faire ses preuves avec des films comme Belle Ou Sebastien 3 ou C’est Magnifique assez peu convaincants. Là où Albert Dupontel est capable de créer de magnifiques plans et d’apporter une véritable patte à ses films, la réalisation de Clovis Cornillac est vraiment académique et sans saveurs. Lui qui est pourtant habitué aux comédies n’arrivera que trop rarement à nous amuser ni même insuffler un peu de poésie et de tendresse. Mais surtout, il n’arrivera jamais à donner de l’énergie à cette histoire.
Il se contente de dérouler les faits sans réussir à créer le moindre suspense ou la moindre surprise. Couleurs De L’incendie semble même raconter deux histoires à la fois sans réelles connexions l’une a l’autre. Celle de Madeleine Péricourt qui cherche à prendre sa revanche sur les trois hommes responsables de sa faillite et de l’autre celle de la relation particulière entre son fils Paul et la chanteuse d’opéra Solange Galinato dont la voix a miraculeusement fait sortir de sa léthargie le jeune garçon. Vient en plus se greffer la question de la montée du nazisme qui emmènera l’histoire jusque devant le Führer en personne sans que l’on sache vraiment en quoi cela était vraiment utile à l’intrigue principale. Si tout cela pouvait donner lieu à un bon roman, son adaptation sur grand écran ne fonctionne clairement pas sous la direction peu inspiré de Clovis Cornillac.
Heureusement l’impeccable casting de Couleurs de L’Incendie arrive à sauver à peu près le film de l’ennui. Léa Drucker remplace Émilie Dequenne dans le rôle de Madeleine Péricourt, un choix judicieux pour incarner cette femme de poigne même si le personnage ne semble plus du tout le même que dans Au Revoir La-Haut en terme de caractère. Les trois hommes dont elle cherchera à se venger sont joués par Benoît Poelvoorde, Olivier Gourmet et Jeremy Lopez tous les trois parfaits pour incarner ces personnages sournois.
Même en tant qu’acteur Clovis Cornillac n’avait pas sa place dans ce film en s’offrant le rôle du chauffeur et homme à tout faire des Péricourt qui ne lui convient clairement pas. Le choix de Fanny Ardant pour incarner la Diva est par contre vraiment judicieux et c’est aussi avec plaisir que nous retrouverons Alice Isaaz dans ce rôle d’intendante qui cache bien son jeu. Si jouer les handicapés au cinéma peut permettre bien souvent de décrocher des récompenses le jeune Nils Othenin-Girard est bien mal servi ici pour se faire remarquer dans le rôle de Paul.
Couleurs de L’Incendie prouve bien l’importance du réalisateur dans la création d’un film. Malgré un scenario solide et de très bons acteurs, cette suite ne se montrera clairement pas à la hauteur d’Au Revoir Là-Haut. Il y manque toute la maitrise visuelle et surtout toute la poésie et la drôlerie qu’avait si bien su apporter Albert Dupontel. Taillé pour les César, le film de Clovis Cornillac ne recevra certainement pas le même plébiscite que son prédécesseur.
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