ESTHER 2 : LES ORIGINES de William Brent Bell [Critique Ciné]
ESTHER 2 : LES ORIGINES de William Brent Bell [Critique Ciné]
Treize ans après, le thriller horrifique Esther a subitement le droit à une suite sous forme d’une Origin Story mais était ce réellement nécessaire ?
Excellente surprise à sa sortie en 2009, le thriller horrifique Esther de Jaume Collet-Serra aurait bien mérité une suite à l’époque, histoire de surfer sur son succès. Alors que nous ne l’attendions maintenant clairement plus et qu’elle nous a au fond jamais manqué, c’est finalement treize ans plus tard que cette suite arrive sous la forme d’une « Origin Story ». Contrairement aux États-Unis où il est sorti directement sur la plateforme de S.V.O.D. Paramount+, c’est dans les salles obscures que nous pouvons découvrir ce nouveau film ce mercredi 17 août 2022 mais mérite t’il réellement le prix d’une place de cinéma ?
Si vous n’avez jamais vu le premier Esther, il serait particulièrement dommage de commencer par ce nouveau film car il ruinerait immédiatement le twist qui faisait toute la réussite du premier film. Aller plus loin dans cette critique va également forcément vous spoiler alors faites vite demi-tour. Impossible en effet de ne pas évoquer le twist du premier film pour parler de cette suite car tout repose forcément dessus. Les scénaristes d’Esther 2 : Les Origines ne se sont pas bien foulés car cette « Origin Story » ne remonte que deux ans auparavant pour mettre en image ce qu’Esther a fait subir à sa précédente famille d’adoption qui avait pourtant été très bien expliqué dans le premier film.
Si vous avez vu le premier Esther, vous savez donc que cette fillette assez étrange est en fait une femme d’une trentaine d’années atteinte d’une maladie qui lui donne l’apparence d’une gamine de dix ans. Brillamment interprétée par Isabelle Fuhrman alors âgée de douze ans, elle n’avait logiquement pas eu de mal à jouer l’enfant mais nous avait surpris en jouant aussi l’aspect mature du personnage. Maintenant âgée de 25 ans, l’actrice reprend son rôle mais il faut bien avouer que cela ne fonctionne plus aussi bien.
Occupé à tourner le film de super héros Black Adam avec Dwayne Johnson, Jaume Collet-Serra ne rempile pas pour le prequel de ce qui restera à ce jour son meilleur film. Il cède malheureusement la place à William Brent Bell qui nous avait emballé avec Devil Inside avant de bien nous décevoir par la suite avec la saga The Boy. Il semble s’être appliqué à garder le style du premier film avec une atmosphère froide mais il a visiblement été limité dans son budget. Il semble en effet n’avoir aucun respect des échelles entre Esther et les adultes. Elle paraît en effet beaucoup plus grande lorsque elle est incarnée par Isabelle Fuhrman en plans serré que lorsque le réalisateur utilise une véritable enfant dans les plans larges. Si elle est maintenant plus proche de l’âge réel de son personnage, les scènes où Isabelle Fuhrman se fait passer pour une fillette ne marche aujourd’hui carrément plus car elle n’a vraiment plus le visage d’un enfant. Pourquoi ne pas avoir utilisé les effets spéciaux de « de-aging » ou simplement de « Reface » pour coller son ancien visage d’enfant sur celui d’aujourd’hui afin de rendre cela plus crédible ? Difficile de croire que la famille dans laquelle elle atterrit arrive à croire qu’il s’agit d’une enfant d’autant plus qu’elle se fait ici passer pour la fille disparue depuis quatre ans d’un couple qui aurait dû tiquer sur le visage marqué de la fillette.
Esther 2 : Les Origines commence tout d’abord par décalquer dans sa première l’histoire du premier épisode avec un frère suspicieux qui ne l’aimera pas d’emblée et la rivalité avec la mère pour l’amour de son mari. Mais pour nous surprendre, le nouveau scénariste David Coggeshall s’est senti obligé de trouver un nouveau twist pour masquer le fait que personne ne pourrait décemment croire qu’Esther est véritablement une enfant mais celui-ci est tellement improbable qu’il ruine complétement le film. A vouloir apporter quelque chose de suprenant par rapport à ce que nous avions appris dans le premier film, le scénariste se fourvoie complétement et semble même oublier qu’on nous a présenté Esther comme la plus dangereuse des psychopathes lorsqu’on constatera comment elle se laissera manipuler dans cette seconde partie. Nous savions d’emblée avec le premier film que cette histoire se terminerait par un grand incendie de la maison mais la scène finale est un affrontement totalement ridicule comme si une naine de la taille d’une gamine de dix ans pouvait réellement se battre avec des adultes de taille normale. C’est aussi crédible que dans Chucky avec l’aspect fantastique en moins.
Bien parti pour être le rôle de sa vie c’est Isabelle Fuhrman qui est a l’origine de ce retour d’Esther au cinéma. Malgré une réalisation qui ne lui rend pas service, l’actrice reste tout aussi excellente en gamine psychopathe. Les parents sont joués par Julia Stiles et Rossif Sutherland qui donnent l’impression de simplement copier les prestations de Vera Farmiga et Peter Sarsgaard sans rien apporter de plus à ses nouveaux personnages tout comme Matthew Finlan dans le rôle du fils. Et que dire de l’inutilité du policier dont le rôle a été confié au pauvre Hiro Kanagawa ou de la malheureuse Gwendolyn Collins dans le rôle d’une art-thérapeute sacrifiée bien trop gratuitement.
Esther 2 : Les Origines pourra peut être passer pour un thriller horrifique convaincant pour ceux qui n’auraient jamais vu le précédent épisode mais les fans de longue date ne pourront être que très déçu par cette resucée bien moins convaincante de l’original au twist tellement improbable que l’on préféra oublier bien vite que ce film existe. Il illustre en tout très cas très mal l’expression « Mieux Vaut Tard Que Jamais » tant on se serait au final bien passé de cet Origin Story.
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