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LA BEAUTÉ DU GESTE de Shô Miyake [Critique Ciné]

La Beauté Du Geste

Bien loin des Rocky et autres Creed, vous n’aurez jamais vu un film de boxe aussi sensible que La Beauté Du Geste.

Troisième film du nouveau cycle des saisons Hanabi du distributeur Art House après Love Life et Rendez-Vous à Tokyo, La Beauté Du Geste délaisse les mélodrames amoureux pour un film de boxe comme vous n’en avez probablement jamais vu. Pour son premier film, le réalisateur Shô Miyake a choisi de s’inspirer de l’autobiographie de de la boxeuse Keiko Ogasawara pour imaginer de toute pièce une nouvelle histoire des plus touchantes.

Petite japonaise d’à peine 1m50, ne vous amusez cependant pas à chercher des noises à Keiko car celle-ci a choisi de surmonter sa surdité en consacrant sa vie à la boxe. Devenue pro depuis peu avec deux victoires à son effectif, elle est devenue la membre la plus importante du petit club où elle s’entraîne. Cependant, sa surdité lui pose des problèmes de communication qui l’ont plongé dans une solitude que personne ne semble soupçonner.

La Beauté Du Geste

Sans jouer l’artifice de nous faire ressentir les problèmes d’audition de Keiko comme beaucoup de réalisateurs ont tendance à le faire, le réalisateur Shô Miyake a choisi de faire un film sans quasiment aucune musique puisqu’elle ne peut pas l’entendre. Il n’y aura que lorsque le frère de Kyoko  jouera de la guitare que nous aurons le droit à quelques notes. Mais surtout le film est marquant par l’absence de dialogues importants car les complications pour parler à l’autre suite à son handicap semblent avoir poussé Keiko à éviter de trop s’exprimer. En situant son intrigue en pleine pandémie, les masques sur les bouches de tout le monde isole encore plus la sportive.

Bien plus qu’un film de boxe, La Beauté Du Geste est clairement avant tout un film sur la solitude. À la place de dialogues importants, nous n »entendrons les personnages secondaires n’avoir que des bavardages assez futiles mais qui cadrent cependant le récit. Pour la seule grande scène de discussion entre Keiko et son frère, le réalisateur soulignera la ressemblance de son long métrage à un film muet en insérant des cartons avec les dialogues écrits sur fond noir comme à l’époque plutôt que de simplement sous titré la scène. 

La Beauté Du Geste

La Beauté Du Geste est un film tranche de vie qui suit le quotidien de Keiko entre son travail de femme de ménages dans un hôtel de luxe et ses entrainements à la boxe. Même s’il ne se passe pas grand chose, nous finirons pourtant étrangement à nous attacher à Keiko. Incarnée par l’actrice Yukino Kishii que nous avions déjà vu dans le film fantastique Homunculous sur Netflix sans avoir été frappé alors, la jeune actrice arrive ici à nous toucher en plein coeur sans même à avoir à ouvrir la bouche.

Ceux qui s’attendaient à un vrai film de boxe à la Rocky risquent d’être déçus car en dehors de belles scènes d’entrainement, il n’y aura que deux scènes de match qui paraissent presque paranormale en se déroulant dans des salles plongées dans le noir et sans public. Ce ne sont clairement pas là le climax du long métrage qui reposent surtout sur les sentiments plutôt que les exploits sportifs. Il faut cependant reconnaitre que l’actrice Yukino Kishii est totalement crédible dans les différentes scènes d’entrainement et de combat.

La Beauté Du Geste

Film sensible qui repose entièrement sur notre propre interprétation des gestes et des images, La Beauté Du Geste peut donner l’impression de se traîner en longueur mais c’est en fait pour mieux nous happer par l’émotion de ce récit sur l’handicap et la solitude. Une nouvelle référence dans le film de boxe qui se démarque totalement des classiques américains  du genre pour nous mettre un uppercut en plein cœur.

MON AVIS :
4/5

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