THE CREATOR de Gareth Edwards [Critique Ciné]
En compilant plus de 50 ans de science fiction, The Creator le nouveau film de Gareth Edwards donne des impressions de déjà-vu.
Avec la manie de Lucasfilms de recruter et de se débarrasser aussi vite que l’éclair de véritables armées de réalisateurs et scénaristes pour de nouveaux projets Star Wars qui ne voient jamais le jour, il n’est pas étonnant de voir fleurir de plus en plus de films proche de l’univers imaginés par George Lucas qui se serventde ce matériel inutilisé. En attendant le Rebel Moon de Zack Snyder, c’est Gareth Edwards, le réalisateur du très réussi Rogue One : A Star Wars Story, de revenir sept ans plus tard avec un nouveau film de science fiction qui donnerait presque l’impression d’en être visuellement la suite spirituelle. Produit par la 20th Century Studio et donc par Disney qui est propriétaire du studio, ce The Creator pourrait presque être considéré comme une sorte de sous franchise Star Wars tant il s’en inspire. Encore aurait-il fallu qu’il tienne toutes ses promesses, ce qui n’est malheureusement pas le cas.
Il ne faut en effet absolument pas se fier à la bande annonce très trompeuse de The Creator conçue réellement pour laisser croire que le nouveau film de Gareth Edwards est dans la strict lignée de l’excellent Rogue One. Il ne faudra que quelques minutes devant le film pour se rendre compte que The Creator semble au final bien plus s’inspirer entre autres des films de Neil Blomkamp, District 9 et Chappie pour ses robots, et des Aliens et Avatar de James Cameron pour ses militaires bas de plafond dirigée par une Colonel qui n’est pas sans rappeler le redoutable Miles Quaritch. Visuellement impressionnant, ce récit se montre au final très vite bien creux.
The Creator se déroule sur Terre dans un futur pas si lointain où les humains ont trop fait confiance à l’intelligence artificielle. Dans cette dystopie où humains et robots cohabitent et travaillent ensemble, une bombe atomique a fini par frapper directement le cœur de Los Angeles tuant instantanément des millions de personnes. Persuadé qu’il s’agit d’un coup des robots pour prendre le contrôle sur l’ humanité, tout développement d’intelligence artificielle a été stoppé net en Occident suite à la tragédie. Mais l’Asie a décidé de se son coté de poursuivre le développement de cet intelligence artificielle poussant les États Unis à entrer en guerre contre les robots qui vivent dans ces régions.
Dans ce conflit, le soldat Joshua joué par John David Washington, héros de Tenet, s’est infiltré de très près dans le réseau secret qui construit ces machines au point d’épouser Maya, interprétée par Gemma Chan, l’une des proches du leader, et lui faire un enfant. Une opération militaire va cependant griller sa couverture et finir en tragédie. Cinq ans plus tard, sur un espoir de retrouver celle qu’il aime, il va finir par accepter de repartir en mission pour aider à localiser le laboratoire secret où sont encore construit ces robots.
Il est amusant de constater que pour un film censé nous alerter sur les dangers de l’intelligence artificielle, le scénario tout comme l’univers graphique de The Creator semble avoir été entièrement conçu à l’aide de ChatGPT et Midjourney. Le nouveau film de Gareth Edwards ressemble en en effet a une grande compilation de tout ce qu’on a vu ou lu en matière de science fiction depuis les romans d‘Isaac Asimov et Philip K. Dick jusqu’aux derniers Avatar et Star Wars en passant par Blade Runner. Il faudra mieux débrancher le cerveau et se concentrer sur son paquet de popcorn en se laissant porter par le récit plutôt que de tenter de chercher un sens à ce long métrage où strictement rien ne tient la route si l’on y réfléchit un peu.
The Creator, c’est encore l’histoire d’un enfant miracle capable de sauver le monde. Mais comment croire que les États Unis peuvent ainsi bombarder toute l’Asie avec leur incroyable vaisseau spatial et leurs tanks géants dans le but de détruire les robots en faisant au passage un massacre de tous les pauvres habitants de ces régions sans que personne ne s’opposent à eux ? Conçu sous forme de chapitres, l’histoire se traine en longueur avec une impression permanente de déjà-vu jusqu’à un final certes explosif mais d’une idiotie incroyable. On peut certes tout imaginer en terme de science fiction mais un robot capable de grandir et se développer comme un humain cela est bien trop impossible. Chargé en pathos, la conclusion de cette histoire totalement improbable donne vraiment l’impression que Gareth Edwards n’avait que très peu d’ambition dans le développement de son scénario et n’aura au final pas réussi à exploiter correctement le très bel univers qu’il a créé ici.
Il serait plus juste de dire que The Creator est le nouveau film du réalisateur de Godzilla que de Rogue One tant ce nouveau film est une véritable déception très loin de la réussite du Spin-Off de Star Wars. En voyant le résultat, Il n’y a désormais plus aucun doute sur le fait que c’est bien l’équipe chargé de réécrire et retourner une bonne partie de Rogue One qui a sauvé le film qu’à son réalisateur au succès peu mérité. Visuellement impressionnant, The Creator n’en reste pas moins un véritable pétard mouillé en terme de scénario. Mieux vaut encore aller revoir les classiques qui l’ont inspiré que cette compilation sans saveur.
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